A 32 ans, cet ancien footballeur vient de réaliser une énorme performance en terminant 8ème en 4h07’14’’ de la 15ème édition du Marathon de Zégama comptant pour la coupe du monde de Skyrunning®, lui qui la veille de la course n’avait pas de confirmation de son inscription.
Vainqueur de la Skyrace des Matheysins le 8 mai dernier, de la grimpée du Laudon et du 10km de Chambéry (31’12’’ – record perso) il confirme sa progression régulière.
Depuis 10 ans, seuls 3 autres Français se sont hissés dans le Top 10 de cette épreuve, Michel Lanne 7ème en 2015, 6ème en 2014 (en moins de 4h) et 4ème en 2012, Greg Vollet 10ème en 2012 et Michel Rabat 8ème en 2011.
Kilian Jornet remporte quant-à lui son 8ème succès en 9 participations (2007, 2008, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2016), faisant de lui le roi de Zégama.
Retour avec le coureur Haut Savoyard (originaire de Thonon) sur son expérience en terre Basque.
Quels sont tes premiers sentiments au lendemain de la course ?
Je suis assez content de moi et je réalise que j’ai fait une course dans la cour des grands et que j’ai pu me mêler à la bataille au milieu des meilleurs mondiaux du skyrunning®.
Je n’y croyais pas trop, je croyais que j’allais les voir de plus en plus loin au fil de la course, mais en fait je restais au contact, c’est un vrai plaisir de courir avec ces grands noms.
J’ai découvert cette ambiance que je n’avais vu que sur des vidéos, c’est un truc incroyable, je n’ai jamais vu ça….et ça n’existe sans doute pas ailleurs !
Les spectateurs sont là et encouragent tout le monde du premier au dernier avec des cloches, des klaxons, on est porté, on ressent ce que les coureurs du Tour peuvent vivre lorsqu’ils gravissent un col avec les spectateurs à 2 m, c’est un énorme souvenir.
C’est une course à faire rien que pour ça !
Comment as tu géré la course, un format aussi long ?
Je voulais faire la meilleure course possible et pas faire Zégama juste pour faire Zégama.
Après le Ventoux, j’étais pas bien, j’avais craqué après 3 heures de course, je manquais de dénivelé, je me suis alors remis à l’entraînement.
Sur une course d’un tel niveau je ne me suis pas mis la pression, j’ai laissé partir, j’ai bien géré ma course, ma vitesse, mon cardio (aux sensations car j’avais oublié ma montre), sans me mettre dans le rouge dans les bosses et sans vouloir reprendre ceux qui étaient devant.
Sur la gestion de course, c’est point sur lequel j’ai beaucoup de lacunes
Avant course, je ne sais pas trop quoi faire, j’ai allégé ma semaine par la force des choses, en raison d’un emploi du temps professionnel et personnel un peu chargé.
J’essaie quand même de garder du rythme et d’arriver frais.
Adrien Michaud : “il faut quand même y aller”
Et les conditions météo ?
C’est clair qu’elles n’étaient pas optimales, on a eu une légère éclaircie au départ puis la pluie est revenue.
On a moins le sourire que les jours de grand beau mais c’est aussi ça les sports outdoor et il faut quand même y aller.
Il a fait froid au sommet, j’avais les doigts gelés et je ne pouvais plus mettre mes gants, (NDLR, beaucoup de coureurs ont abandonné à cause du froid et de début d’hypothermie), ça glissait, j’ai fait 4-5 chutes ou j’aurai pu y laisser des plumes, mais une fois la ligne passée et avec cette ambiance on oublie rapidement.
J’en retire une belle expérience qui va m’ouvrir les yeux et va me servir pour l’avenir.
Vas-tu maintenant gérer différemment tes courses ?
Non, je vais rester prudent et pas m’emballer dès le début, je resterai quand même sur la réserve et ne pas m’enflammer pour que la suite devienne une galère.
Je dois confirmer ce résultat sur mes prochains gros objectifs à Canazei, Sierre Zinal, Matterhorn Ultraks et Limone.
On va essayer (avec Célia Chiron, sa compagne contrainte à l’abaondon à Zégama) de bien se classer au général du Skyrunning 2016 dans cette catégorie Sky.
Il faut être présent sur la régularité, on veut aussi avant tout se faire plaisir et en profiter pour visiter et découvrir les pays.
En début de saison, j’ai du mal à me mettre en route, je vais peut-être encore en faire trop cette année, mais quand j’allège mon planning, je ne suis pas au mieux.
J’ai besoin de courir pour être bien, c’est comme ça.
J’ai pas de coach, je me débrouille et je me gère, j’apprends avec l’expérience.
J’ai commencé il y a tout juste 3 ans, je découvre au fur et à mesure, je ne fais pas forcément ce qu’il faut toujours, mais je continue de progresser.
Par exemple je n’ai pas couru le samedi, veille de la course, j’ai juste fait la route en voiture et dimanche j’étais super bien…..
Par Fred Bousseau – © F. Bousseau – S. Sclavo (archives) et C. Chiron (Zégama)
novembre, 2024
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