Sylvain Bazin est de nouveau sur les chemins dans le cadre de son Terdav Trail World Tour.
Il prend le départ des “88 Temples” ce mercredi au Japon et revient pour Trails Endurance Mag sur son accident en Himalaya, un hiver difficile et la suite de ses projets.
Sylvain, comment as-tu récupéré de ton accident ?
L’hiver a t il était entièrement dédié au repos???Physiquement, la récupération a été relativement rapide. Après une période évidemment pas trop évidente où mes deux bras étaient immobilisés d’abords jusqu’à l’épaule puis simplement les avants bras, j’ai vite entamé la rééducation. Ma chance fut que l’opération, réalisée au Népal, se soit très bien passée. Au vu de la gravité des fractures, les médecins qui m’ont suivi en France m’ont dit que j’aurai vraiment pu perdre les bras. Mais je suis heureusement tombé sur un très bon chirurgien.?La rééducation s’est bien passée et j’ai vite retrouvé une bonne mobilité. La force revient aussi petit à petit. Aujourd’hui j’ai presque tout récupéré. Je ressens encore quelques douleurs à l’effort, sans doute dues au matériel qui reste dans mes bras mais à la limite mes tendons d’Achille m’embêtent à nouveau plus que mes bras! Dans l’ensemble ma forme est très correcte. J’ai également vite repris la course à pied, au début avec les attèles. J’ai participé à un marathon en décembre, soit deux mois après mon accident, puis à pas mal de trails blancs cet hiver, toujours dans une optique d’entraînement. Enfin ces dernières semaines j’ai à nouveau beaucoup couru et marché, beaucoup voyagé aussi alors que le reste de l’hiver fut très calme sur ce plan par rapport à mon rythme habituel.
Psychologiquement, j’ai connu des périodes assez différentes. Un début de convalescence très entouré, où malgré les douleurs et la faiblesse je me suis senti bien, heureux d’avoir échappé à la mort, qui était tout de même très proche lors de mon accident et dans les jours qui ont suivi, et où le moindre progrès dans mon état était le bienvenu. En plus, avec la fatigue, je n’étais guère frustré de bouger moins. La suite a été plus difficile. Une fois les bras à nouveau libre, il a fallu se remettre en selle, relancer les projets, ce qui n’était pas évident. Une déception personnelle, le creux de l’hiver, des doutes quant à l’avenir, le fait de devoir se battre pas mal pour trouver les financements pour ce nouveau projet, en plus en démarrant tard à cause de l’accident et d’une réponse un peu tardive d’un partenaire potentiel, tout cela dans une forme pas encore au summum, les premiers mois de l’année ont été assez difficiles à négocier. Heureusement, ma souscription Internet a bien marché et j’ai reçu plein de soutiens amicaux et professionnels qui me permettent de repartir sur les grands chemins ce printemps et que je ne remercierai jamais assez. La sollicitation professionnelle est elle aussi bien repartie et du coup j’ai été bien occupé ces derniers mois, de façon positive ! La préparation de mon livre sur le Saint-Jacques, 40 jours vers Saint-Jacques, qui va paraître très prochainement chez Outdoor Editions m’a également transporté. Voir ce livre sur les rayons des librairies sera aussi une vraie satisfaction et un certain aboutissement, un bon signe aussi quant à la poursuite de mon projet sur les grands chemins du monde, le Trail World Tour, que je vais donc poursuivre au Japon.
Pourquoi repartir sur ce chemin des 88 temples ?
C’était un des « grands chemins » que je voulais parcourir dans le cadre de ce projet sur les chemins du monde. J’en avais déjà entendu parler et en plus, sur le Saint-Jacques l’an dernier j’ai vu pas mal de petits autocollants qui faisaient la « pub » pour ce pèlerinage, un peu l’équivalent japonais du Saint-Jacques. En plus, avec ma rencontre salvatrice d’une expédition japonaise au Népal, à qui je dois la vie, j’ai encore plus de raisons de me rendre au Japon. Je vais d’ailleurs retrouver mes sauveurs à Osaka avant d’entamer mon périple. Ce voyage s’inscrit donc dans une certaine continuité.
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Comment envisages-tu ton parcours et quels seront tes prochains projets ?
Le chemin en lui-même fait le tour de l’île de Shikoku, au sud-est du Japon et de l’île principale d’Honshu. Il mesure environ 1350 kms et 88 temples bouddhistes le parsèment. C’est donc un parcours emplit de spiritualité, ce qui m’intéresse aussi beaucoup. On y marche sur les pas de Kobo Daishi, le fondateur du bouddhiste Shingon au Japon, qui a suivi une partie de sa quête initiatique sur l’île, au VIII e siècle.
Je vais mettre environ un mois (entre 28 et 30 jours prévus) pour boucler la boucle (comme sur la figure symbolique du Mandala, le chemin trace un cercle et l’on revient donc au point de départ). Le terrain n’est a priori pas trop compliqué. Je pense plus à un chemin de recherche spirituelle, où l’aspect défi physique sera présent mais pas trop difficile. Je vais courir et marcher environ 55 kilomètres par jour, comme sur le Saint-Jacques. Le profil semble vallonné mais le terrain assez facile.
Je pense surtout être dans le voyage, ouvert à la découverte et j’espère profiter pleinement du moment présent sur ce chemin japonais.
La suite de mon projet se déroulera à l’automne, sur la Via Francigena, entre l’Angleterre et Rome. Là encore un chemin historique, mais bien moins connu qui me permettra de traverser entre autre une France un peu ignorée. Et puis j’ai encore d’autres grands chemins en vue, une traversée des Carpates, la Via Alpina et sans doute un grand chemin américain, pour les prochaines années. Avec toujours l’idée du défi, de la découverte, de la recherche de sens aussi, et bien sûr l’envie de partager tout cela dans mes récits et par l’image !
novembre, 2024
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