Faisons connaissance avec Adrien Perret, l’un des athlètes les plus méconnus et pourtant les plus doués dans cette discipline si singulière qu’est le km vertical.
On devrait en savoir davantage, et rapidement, sur son potentiel puisqu’il n’hésitera pas à se confronter au gratin mondial ce vendredi soir lors de l’inédite et iconoclaste Verticale de la Tour Eiffel.
Cet événement, disputé en grande pompe dans le cadre du 8ème EcoTrail de Paris – Ile-de-France, sera l’occasion d’observer, cette fois-ci au grand jour, la prestation d’Adrien Perret. Agé de 24 ans, cet Isérois de souche figure en effet dans la liste des 58 vertical runners qui partiront à l’assaut des 1665 marches, soit un différentiel de 279m, accédant au troisième étage de la Dame de fer.
Mais qui connaît Adrien Perret ?
En vérité, pas grand monde, son heure de gloire étant passée complètement inaperçue l’an dernier.
Retour en arrière donc, précisément au 25 octobre 2014 à l’occasion du 14ème opus du Km Vertical de Fully dans le Valais, connu pour être le plus rapide de la planète (1,9km pour 1000m de dénivelé positif à travers une pente à 52% de moyenne). Rêvant depuis un moment de le concourir, il n’a pu dégoter le fameux sésame, les 707 places disponibles partant le 1er septembre en moins de… trois quarts d’heure. 48h avant l’échéance, le miracle jaillit, Adrien parvenant à récupérer un dossard que devait porter un Lausannois. Son numéro : le 329 qui l’obligera à s’élancer, sur ce contre la montre avec départ toutes les 20’’, à 10h37’40 précises. Soit au beau milieu de la masse des anonymes qui, sur ce parcours empruntant une étroite et ancienne voie de funiculaire, ne vont pas lui faciliter la tâche en le contraignant à changer sans cesse de trajectoire pour pouvoir doubler, entravant ainsi son ascension (1). Un cas similaire à celui de Kilian Jornet sur l’édition 2006, qui n’en établira pas moins, alors qu’il venait de fêter ses 19 printemps et qu’il ne disposait d’aucune notoriété, le record de l’épreuve, et par ricochet du monde, en 31’55.
Coup de génie à Fully
Excité comme une puce, Adrien se rend à Fully sans pression particulière, avec juste l’envie de se faire plaisir ! Un bon échauffement d’1h15 avant qu’il ne démarre en trombe, à bloc même, fidèle à sa réputation de baroudeur… Oubliant volontairement la montre, il décide de se munir uniquement de l’altimètre qui affiche par minute… 36 mètres après avoir avalé 200 mètres de dénivelé ! A ce rythme, il n’est pas sûr d’entrevoir les Garettes où est jugée l’arrivée à 1500m d’altitude. Mais peu importe pour lui car il éprouve à cet instant-là d’excellentes sensations, donnant tout ce qu’il a dans le corps, de la tête aux pieds ! Cependant, il commence à pêcher après 600m de différentiel, bizarrement à un endroit moins pentu où il faudrait néanmoins relancer. Parallèlement, les dépassements (dossard 329 oblige !) deviennent de plus en plus problématiques. Pourtant, Adrien s’accroche comme un forcené, arpentant au mental les 100 derniers mètres de dénivelé. L’exploit, il y croit au fur et à mesure que le dénouement approche, d’autant plus que le speaker, positionné peu avant la ligne, lui annonce un temps compris entre 32 et 33’ ! Oh combien pénibles, les 30 derniers mètres seront gravis sur les rotules. Mais le bonheur engrangé jusque-là est trop intense pour ne pas pouvoir effacer ces douleurs finales. Après l’épilogue, il n’oubliera pas d’admirer ce spectacle haut en couleurs afin d’encourager les suivants et mais surtout pour récolter quelques précieuses infos techniques sur les vedettes du jour en vue du millésime 2015.
In fine, il dévore le mur fulliérain en 32’04, faisant de lui le Français le plus performant en 2014 sur km vertical après le skieur-alpiniste international Xavier Gachet (Club Multisports Arêches-Beaufort) et ses 32’03 au Grand Serre. Une prouesse qui lui vaudra de s’approprier la 9ème place, manquant même pour 14 centièmes de secondes la 8ème position occupée par le Bernois Werner Marti, une des étoiles du Swiss Team de ski-alpinisme. 1er Hexagonal, il se classera juste devant le talentueux Haut-Savoyard Jean-François Philipot, 10ème en 32’10, qu’il a rejoint en début d’année dans le très ambitieux Club Athlétique du Bassin Bellegardien (CABB).
Complicité avec Mathéo Jacquemoud
Ayant vu le jour le 1er octobre 1990 à Saint-Martin-d’Hères (Isère), Adrien Perret, 1m77 sous la toise, 62kg sur la bascule, a grandi en terre chartrousine à Miribel-les-Echelles, entre Saint-Laurent-du-Pont et Les Echelles. Il demeure désormais à Saint-Nicolas-de-Véroce, commune associée à Saint-Gervais-les-Bains, où il partage une location avec l’illustre Mathéo Jacquemoud (Courchevel Sports Alpinisme), quadruple champion du monde de ski-alpinisme, avec qui il s’entraîne. Un pote qu’il a connu à Die au lycée du Diois en 2005 même si Mat n’est pas resté bien longtemps. Les deux compères se sont ensuite perdus de vue jusqu’en 2010, date à laquelle Mat lui a proposé de concourir le Raid VTT « Les Chemins du Soleil ». Une épopée hors norme en quatre étapes sur trois jours, le genre d’épreuve qui scelle une véritable amitié, dixit Adrien ! La preuve, c’est en lui proposant de renouveler en mai prochain cette aventure que Mat l’encouragera à venir habiter à Saint-Nicolas-de-Véroce.
Vététiste à la base…
Dès l’âge de 6 ans, Adrien tombe dans la marmite du VTT, enchaînant les randonnées au sein de la formation de son village. Quatre ans plus tard, il participe à ses premières courses pour le compte du club de Saint-Joseph-des-Rivières. Aux antipodes de son parcours actuel où prédominent le km vertical et le trail court, il finira par priser les longues distances. Le VTT est alors tellement enraciné dans son existence qu’il désire faire partager sa passion, ce qui l’incite à passer en 2006 ses brevets fédéraux puis en 2011 le Brevet d’Etat d’Educateur Sportif aux Activités du Cyclisme qui officialise alors son irruption dans la vie active.
Parallèlement, il court régulièrement à partir du collège. Mais ce n’est qu’en 2011 qu’il prend vraiment goût à la course nature même si celle-ci apparaît d’abord comme un complément dans son entraînement pour le vélo.
…puis vertical runner…
Sa progression avec ses baskets sera fulgurante. Seul problème, il n’apprécie guère les descentes, non parce qu’il les craint à l’instar de Jean-François Philipot mais parce qu’elles ne lui autorisent pas d’aller aussi vite qu’à vélo. Il les juge donc frustrantes, dénuées du plaisir de la vitesse, d’où son vif penchant pour le km vertical, devenu depuis l’an passé sa spécialité n°1. Quant à la petite reine, s’il continue à l’enfourcher, c’est uniquement dans le but de se faire plaisir, à l’instar du 13ème Raid VTT « Les Chemins du Soleil », du 14 au 17 mai prochains en compagnie de Mat.
…enfin skieur-alpiniste
Autre discipline de prédilection, le ski-alpinisme dont il a découvert, pas plus tard que cette saison, la compétition. Défendant les couleurs du Club des Sports de Chamonix, il n’en fait pas un objectif en soi mais un appoint dans sa préparation pour le km vertical. Il s’est déjà mis en évidence, entre autres sur le Roc et Pic – Plum (1er avec Tony Portanier (2)), la Diagonale du Mont Joly (3ème) et la Grande Trace (7ème avec Gary Ozeray (2)). En revanche, sa performance sur la 30ème Pierra Menta, avec un Mathéo Jacquemoud accouru avant tout pour le fun, ne reflète pas son réel niveau. Même si le tandem montera crescendo tout au long des quatre manches, il se contentera au final de la 34ème place. Il n’en saura pas moins gré à Mathéo d’avoir suppléé si gentiment son traditionnel partenaire avec qui il visait le top 20. En l’occurrence Tony Portanier qui, la mort dans l’âme, avait dû déclarer forfait quelques semaines auparavant suite à une chute occasionnant un arrachement ligamentaire à sa cheville.
Insatiable, Adrien Perret n’en a pas fini avec la « peau de phoque », ayant coché dans son calendrier deux autres rendez-vous d’importance : la Transvanoise, le 29 mars, puis le Dynastar X3 Courchevel, le 19 avril, qu’il disputera avec le coureur Benjamin Holliger (3) et le fameux grimpeur cycliste Mickaël Gallego (4), surnommé « l’Aigle de l’Oisans », lui-même chaussant les skis.
Il sera temps alors pour lui de se consacrer au km vertical en revêtant les couleurs du CABB et du Team Raidlight qu’il a intégré tout récemment.
François Vanlaton
(1) A contrario, les favoris à Fully sont les derniers à attaquer la rampe vers 12h15. N’ayant plus beaucoup de concurrents devant soi, ils ont alors le champ libre pour dévorer la pente.
(2) Tony Portanier et Gary Ozeray sont licenciés à Courchevel Sports Alpinisme.
(3) Benjamin Holliger est licencié à Coureurs du Monde en Isère.
(4) Mickaël Gallego est licencié à l’Association Sportive Cycliste Mâcot-la-Plagne.
CALENDRIER 2015 D’ADRIEN PERRET EN COURSE A PIED :
Son année sera orientée vers le circuit du Skyrunning où il pense être à son avantage sur ces parcours escarpés et techniques.
Sans surprise, on le retrouvera sur le Skyrunner World Series Kilomètre Vertical (Coupe du Monde de Skyrunning Kilomètre Vertical). Il y concourra quatre étapes :
– Chamonix, le 26 juin, cette compétition comptant également pour les Skyrunning Continental Championships Europe Vertical Kilometer (Championnats d’Europe de Skyrunning Kilomètre Vertical).
– Val-d’Isère, le 10 juillet.
– Big Sky (USA), le 4 septembre.
– Limone (Italie), le 16 octobre.
De même, il devrait honorer le Salomon Skyrunner France Series Kilomètre Vertical (Coupe de France de Skyrunning Kilomètre Vertical), à Millau, le 9 mai.
Même s’il n’est pas facile d’être compétitif dans plusieurs domaines, il cavalera sur au moins une épreuve sky afin de travailler d’autres points physiques. Ce sera le 5 septembre à Big Sky, dans le cadre du Skyrunner World Series.
Combat fratricide
En outre, après avoir longtemps tergiversé, il a décidé de prendre part aux Championnats Nationaux de km vertical, qui se tiendront sous l’égide de la FFA le 12 juillet à Aulus-les-Bains, en Ariège. Soit 48h après le Km Vertical de la Face de Bellevarde à Val-d’Isère. Un sacré challenge en perspective qu’il n’a visiblement pas peur d’affronter, fidèle à son tempérament de feu ! Il y retrouvera son camarade du Club Athlétique du Bassin Bellegardien, Jean-François Philipot. De toute évidence, le duel devrait être de toute beauté.
François Vanlaton – Adrien Perret lors de son exploit à Fully, le 25 octobre 2014 – © Caroline Ançay.
novembre, 2024
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