Ce dimanche, Mathieu Blanchard, 2e de l’UTMB l’an dernier, a troqué ses chaussures de trail pour enfiler celles de route. Au programme, 42,195 kilomètres d’asphalte dans les rues parisiennes. Et la course lui a plutôt réussi, car il prend la 36e place en 2h22’36. Nous avons donc passé un coup de fil à Mathieu Blanchard pour savoir comment s’était passé son marathon.
Recueilli par Killian Tanguy
Mathieu, comment te sentais-tu sur la ligne de départ ?
« Pendant une semaine, j’ai fait le tour des plateaux TV, radio, Podcast et la presse papier pour la sortie de mon livre (ndlr : Vivre d’aventures) donc c’est vrai qu’au niveau de la fatigue, ce n’était pas optimal. Surtout qu’en revenant du Kenya, je suis tombé un peu malade. Je ne sais pas si c’est l’avion ou si c’était sur place… Donc j’avoue que je n’étais pas super confiant au départ, mais il y a quelque chose qui me donnait de l’énergie : juste avant de partir du Kenya, j’ai rencontré Julien Wanders, recordman d’Europe du 10 kilomètres et du semi-marathon, et je lui ai posé la question de ce qu’il avait ressenti sur la ligne de départ avant de faire ses records. Et il m’a dit “Matt, ce qui est fou, c’est que pour les deux records, j’étais hyper malade les deux jours qui ont précédé la course et je me suis même posé la question de ne pas prendre le départ“. Ça m’a quand même rassuré de me dire que même si on est un peu fatigué et malade, on peut faire une performance le jour J. »
Comment as-tu géré la distance ?
« C’est sûr qu’elle ne me fait pas peur. Je n’avais aucun stress lié à la distance parce que des marathons, j’en fais à l’entraînement, voire des sorties plus longues. Maintenant, c’est plus l’intensité à laquelle tu vas parcourir la distance qui est difficile. Et là, en l’occurrence, je voulais courir en dessous de 2h30 qui est quand même une barrière assez costaud, sous laquelle je n’étais jamais passé et finalement, j’avais de si bonnes sensations – je dirais même que c’était tellement facile le premier semi-marathon – que j’ai décidé d’accélérer et ça m’a amené en dessous de ce 2h30. »
Donc tu ne t’attendais pas vraiment à ce chrono là en partant ?
« Non pas du tout. Sincèrement, je m’étais dit que si je faisais 2h29, parce que je ne suis quand même pas du tout habitué à courir sur la route, ce serait top.Je découvre ça depuis les trois derniers mois. Et en termes de poids aussi, je suis un peu plus massif que les coureurs de route. Quand je regarde les photos, mes jambes n’ont rien à voir. Donc je pensais quand même avoir une limite en terme de vitesse. Il y avait un groupe de prévu à 2h25 et je m’étais dit que j’allais m’accrocher au début, puis sûrement que ça allait être difficile à un moment donné et que j’allais décrocher un peu pour finir sous les 2h30. Mais finalement, c’est le contraire qui s’est passé. J’allais super bien dans le groupe et j’ai décroché le groupe par l’avant. »
Est-ce un effort que tu apprécies ou est-il trop court pour que tu puisses exprimer toutes tes qualités ?
« C’est différent de ce que j’ai l’habitude de faire en termes d’intensité sur des ultras, où on est beaucoup plus en contrôle, mais j’ai beaucoup apprécié l’expérience. C’est bizarre parce que sur marathon, il faut quand même rester calme et humble car on est quasiment en super contrôle jusqu’au semi-marathon, voire jusqu’à 30e kilomètre. Même sur les ultras, même si on est plus tranquille, on met parfois des accélérations dans les montées où le cardio part un peu plus dans les tours, mais là, il faut rester en contrôle et être patient. Mais c’est intéressant d’aussi vivre une course comme ça où il faut être sage. C’est un effort intéressant, qui m’a beaucoup plu et que je referai. Clairement. »
Ce marathon de Paris s’inscrivait dans le cadre de ta préparation à la Western States. Pourquoi mets-tu un accent aussi important sur la vitesse ?
« La Western a un paramètre vitesse hyper présent. Il faut avoir une économie de course excellente, où il faut être capable de courir vite à plat. C’est pour ça que j’ai mis l’accent sur la vitesse sur cette première partie de saison. »
L’an dernier, tu t’étais préparé dans le froid. Cette année, tu as misé sur le chaud en allant faire un stage au Kenya. Comment était cette expérience ?
« Alors au Kenya, il faisait très froid en fait. On est sur des plateaux à 2 400 mètres d’altitude et c’était le début de la saison des pluies, donc on était souvent en veste et en pantalon. Finalement, le Kenya, c’était plus pour découvrir la culture de la course sur route, parce que je ne connais pas trop ce monde-là, même pas du tout. Je voulais aller voir sur place comment ils s’entraînent, leur philosophie de l’entraînement, leurs méthodes, etc. pour progresser le plus vite possible et dans la bonne direction. Je pense que ça a porté ses fruits parce que j’ai été vraiment bien sur le marathon. »
Maintenant, quelles sont tes prochaines échéances ?
« Déjà de se reposer un petit peu. Et dans trois semaines, je pars du côté du Sahara, faire le Marathon des Sables. Et là pour le coup, c’est le paramètre chaleur que je vais travailler. La Western States a aussi ce paramètre chaleur qui est très présent, mais je préférais travailler le paramètre chaleur un petit peu plus tard dans la saison pour avoir encore les adaptations en arrivant aux États-Unis. Donc une course à étapes d’une semaine avec à peu près 250 kilomètres dans le désert du Sahara, et peu de dénivelé, c’est bien pour continuer à travailler la vitesse. Et après le Marathon des Sables, je prendrai tranquillement la direction des États-Unis où je m’installerai pour aller faire mon repérage de course. »
Recueilli par Killian Tanguy
décembre, 2024
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