A l’occasion de la première édition de la Vasaloppet version trail le Scandinave Jonas Buud a couvert les 90 km en 6h02’03’’. Il devance l’Aglais Steven Way : 6h12’28’’ et le Norvégien Jarle Risa : 6h23’38’. Quant à Thomas Lorblanchet, il termine 9e en 6h50’47’’. Chez les féminines la Britannique Holly Rush : 7h09’04’’ précède les Suédoises Minni Kotka : 7h22’35’’ et Leva Gavelin : 7h26’02’’.
Peter Fredricsson, l’organisateur avait prévenu : « Ce trail se courra vite ». Toutefois, il ne s’attendait pas à de tels chronos. Les athlètes ont déjoué ses pronostics. Selon ses estimations établies en collaboration avec Jonas Buud, dont il est le manager, le vainqueur ne devait pas réaliser moins de 6h45’ et il lui semblait impossible que la première femme réalise un chrono inférieur à 7h30.
Bien que le parcours ne s’apparente pas un trail alpin comportant un fort dénivelé et de nombreuses sections techniques, il comprend de nombreuses bosses et par endroits, les larges sentiers cède la place à de vastes étendues spongieuses, dans lesquelles les participants s’enfoncent jusqu’aux genoux, faute d’un nombre suffisant de passerelles en bois posées à même le sol – lire l’actu d’avant course ICI
La veille de l’épreuve, lorsque Jonas Buud a exprimé durant la conférence de presse sa volonté de rallier Sälen à Mora en 6h45’, les autres membres du plateau apparaissaient dubitatifs. Intox, ou humilité excessive ?
Pourquoi un tel champion, titulaire d’un record de 6h27’ au 100 km, 2 fois second des Comrades et qui a remporté à 7 reprises le Swiss Alpine marathon ne vise-t-il pas mieux ?
Pourtant, il dit peut-être la vérité. Il réside à Mora et début juillet, dans le cadre de son entraînement il a reconnu ce tracé en 2 jours.
Néanmoins, ce matin à 5 heures et 500 ans jour pour jour après le couronnement du roi Vasa, les favoris n’ont pas hésité à prendre des risques et à filer à plus de 15 km/h de moyenne.
Rapidement, mais sans pour autant parvenir à creuser un écart conséquent, Steve Way et Jonas Buud ont faussé compagnie aux autres têtes d’affiche.
Notamment à Thomas Lorblanchet, qui au 24e km se trouvait à moins de 3 minutes des 2 protagonistes. Puis ceux-ci on atteint le marathon en 2h50’ avant de passer à la mi-course avec plus de 37 minutes d’avance sur l’horaire prévisible.
De quoi effrayer le directeur de course effaré, qui a lâché à ce moment-là : « Ce n’est pas possible, ils vont craquer. Nous allons assister à une casse énorme. Derrière eux c’est pas pareil, cela va trop vite. J’ai peur pour la suite »
Cependant, tout le monde a poursuivi sur sa lancée. Toutefois, quelques km plus loin, Steve Way, marathonien à 2h15’ et champion du Royaume-Uni des 100 km en 6h19’ a cédé brusquement, permettant ainsi à l’enfant de Dalécarlie de couper le finish acclamé par le public.
Fasciné par son exploit, Peter Fredricsson n’a pas manqué d’indiquer : « Il a tenu un rythme de 4 minutes au km. Donc, dans les mêmes conditions s’il avait aligné 10 km de plus, il aurait conclu un semblable 100 km en 6h40’. Ce qui sur du bitume équivaudrait à moins de 6h20’. C’est fantastique »
Modeste, Jonas Buud a déclaré : « J’avoue avoir eu un peu peur au début, parce que c’est parti vite. Mais au fil des km, l’état de ma forme m’a rassuré. J’ai rarement été aussi bien. Donc, j’ai décidé de continuer à la même allure. A un moment, Steve a placé une forte accélération histoire de décrocher la prime remise au premier à mi-parcours. Je n’ai pas cherché à accrocher. Dans une descente, qui a suivi je suis revenu sur lui sans attaquer. A ce point, il a lâché et je ne l’ai plus jamais revu. Aujourd’hui, j’ai couru comme dans un rêve. Je n’ai pas souffert. Je suis vraiment heureux. Vivant ici, je voulais accrocher cette première à mon palmarès. Maintenant, je vais enchaîner avec les Templiers fin octobre et les mondiaux des 100 km fin novembre, où je viserai le titre »
Dix minutes plus tard a Steve Way a terminé épuisé, mais heureux malgré tout comme il la expliqué : « Franchement, il était plus fort. Face à cet adversaire fantastique, à un moment j’ai compris que je n’avais qu’à m’incliner. Au début, j’ai voulu jouer sur ma vitesse et vers le 45e km, j’ai eu beau tout tenter, rien ne le perturbait. Vers le 45e km, tenté le tout pour le tout pensant qu’il finirait par coincer. Or, c’est moi qui ai été contraint de caler. Quand j’ai su au 60e km que j’avais 5’30 de retard, j’ai compris que c’était plié et qu’il fallait assurer la seconde position, qui me convient tout à fait. Je sais que je manque d’expérience en trail, mais je refuse de mettre en avant cet argument, afin de justifier ma défaite. Non, je n’ai pas d’excuses. Bon j’avoue que j’espère prendre ma revanche au mondial du 100 km à Doha, où l’on va se retrouver. Le battre devrait me permettre d’être champion du monde, car de mon point de vue il est le grandissime favori »
Plus loin et 9e Thomas Lorblanchet a admis être à sa place actuellement : « Depuis le Japon et suite à mon opération, je n’ai pas été en mesure de courir plus de 2 heures. Malgré tout j’ai essayé. Je suis parti avec le groupe de tête. Je n’étais pas mal en jambes, mais ça a coincé après la 3e heure. Je manquais de foncier. Sur ce parcours, tu es toujours en prise. Il n’y a pas une partie, où tu peux te refaire. Tu cours tout le temps. Ce type de format n’existe pas en France. Cela manque. Je pense qu’il y a un public pour ce type d’épreuve en pleine nature et roulante avec des ravitaillements tous les 5 km et également des panneaux qui indiquent la distance. Sinon, j’estime avoir assuré une bonne séance à l’occasion de cette reprise et surtout, je n’ai pas ressenti de douleurs”.
Côté féminin Holly Rush ne cesse de surprendre. Cette marathonienne détentrice d’une marque de 2h25’ a découvert le trail cette année. Invitée à prendre part à « Outrun the sun » (lire l’actu Outrun the sun ICI), elle a été subjuguée par cette expérience et elle vit désormais une passion pour le trail. Le dernier week-end de juillet, seconde au marathon du Mont Blanc, elle a décidé de ne pas en rester là.
A la recherche de projets sportifs pour la rentrée, Laurent Ardito, le manager du team Asics, lui a conseillée cette nouveauté abordée en néophyte a-t-elle confié : « Jamais je n’avais couru une distance aussi longue. Donc, je me suis contentée de coureur au feeling, sans me préoccuper des autres concurrentes. J’ai rattrapé la première à 25 km du but. Ensuite, tout s’est bien passé jusqu’au 85e km. Là, sans doute victime d’une hypoglycémie, j’ai dû serrer les dents jusqu’au bout. Je suis heureuse de cette expérience concluante »
Satisfait de cette Première, le boss entend la pérenniser.
A suivre dans le numéro 238 de VO2RUN, un reportage complet sur l’Ultravasan.
Texte et photos Christophe Rochotte
novembre, 2024
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