En août prochain, le pensionnaire du team Salomon s’alignera pour la première fois au départ de l’UTMB®. Une perspective qu’il aborde avec sérénité après plusieurs années de préparation.
Mais d’ici là il sera ce week-end au départ de La Transvulcania, une course qu’il a préparé et dont il fait partie des favoris.
Il revient sur sa saison 2017, ses objectifs 2018 et sa préparation pour l’objectif UTMB®.
Michel, quel bilan dresses-tu de ta saison 2017 ?
L’an dernier, j’ai remporté les 50 km de La Bouillonnante, en Belgique, puis j’ai terminé deuxième à la MaxiRace, à Annecy. En revanche, les 80 km du Mont Blanc se sont très mal passés. Je m’étais beaucoup entraîné en juin sans récupérer suffisamment… et je l’ai payé ! J’ai donc pris deux semaines de repos, puis j’ai couru le Restonica Trail, que j’ai gagné, en juillet. Ensuite, je n’ai pas pu beaucoup courir à cause de mon travail, mais je crois que j’ai tiré tous les bénéfices de l’entraînement du mois de juin car je me sentais particulièrement en forme au cours de l’été. Cela s’est d’ailleurs traduit par ma troisième place à la Tromso Skyrace, une course très technique, puis à la TDS où j’ai connu une forme géniale ! La TDS a marqué la fin précoce de ma saison en raison d’obligations professionnelles. J’ai coupé l’entraînement ensuite : je n’ai pas couru, mais j’ai fait beaucoup de montagne.
Quel est ton programme pour la saison 2018 ?
J’ai un scoop : en 2018, je prends ma retraite ! (rires) Non, je plaisante… En avril, je courrai le ReventON Trail Aguas de La Palma, aux Canaries, qui constituera une préparation pour la TransVulcania, en mai. Je vais surtout borner pendant cette semaine sur l’île de La Palma car je n’ai pas fait grand-chose jusqu’à présent… Ensuite, je ferai le Lavaredo Ultra Trail, puis le Luchon Aneto Trail. Cet été, à cause de mon travail qui risque d’occuper mes week-end, je ne pourrai pas planifier de compétitions, donc ce sera une période de gros entraînements en vue de l’UTMB®.
” Je me donne deux ans sur l’UTMB®” : Michel Lanne
Comment appréhendes-tu l’échéance majeure qu’est l’UTMB®, toi qui es plutôt spécialiste du format marathon ?
J’ai déjà fait quelques essais sur des ultras, mais les résultats ont été plus ou moins concluants. Je suis attiré par l’ultra, mais j’ai toujours eu du mal à concilier le travail, la famille et les sorties longues. J’étais donc revenu sur le format marathon par obligation professionnelle et familiale. Mais, après des années de fractionné pour préparer des marathons, j’ai envie de sorties plus cool, de faire des heures en montagne à des intensités plus basses. J’ai donc décidé de revenir sur l’ultra.
Avec Jean-Michel Faure-Vincent, manager du team Salomon, je prépare l’UTMB® depuis plusieurs saisons. Il y a deux ans, la CCC m’a permis de passer à 100 km et de repérer une partie du parcours de l’UTMB®. L’an dernier, la TDS m’a permis de monter jusqu’à 120 km tout en évoluant sur un terrain plus technique. Il est donc logique de m’aligner cette saison sur l’UTMB®. C’est la première année que je me sens prêt à affronter cette distance. Auparavant, je savais que je n’avais pas encore les qualités nécessaires pour me faire plaisir et pour réaliser une performance. Je me donne deux ans sur l’UTMB®. Cette année, j’y vais pour découvrir, savoir comment ça se court, voir comment je vais me comporter sur ce format. Je n’ai aucune ambition particulière.
Quelle préparation vas-tu mettre en place en vue de cet objectif ?
Depuis trois ans, je me gère seul. Je me connais très bien, je sais comment organiser ma planification pour être en forme fin août. Mon problème, c’est surtout que mon travail est très aléatoire. Je peux vivre des semaines professionnelles pas trop exigeantes comme je peux finir la semaine complètement cuit. Du coup, je suis beaucoup plus à l’écoute de moi-même et beaucoup moins soumis à la pression d’une performance ou d’une sortie à faire à tout prix. Quand je n’ai pas envie d’aller courir, je n’y vais pas ! Parfois, ça peut durer 4, 5 ou 6 jours. Je ne me force plus, je me suis rendu compte que ça ne servait à rien. Quand tu sors de trois jours d’hélico et de secours, que tu as terminé toutes les nuits à 3 heures du matin et que tu fais ton entraînement le quatrième jour, tu n’as pas vraiment l’énergie pour faire une sortie de 5 heures. Tu es déjà bien content de courir une heure sans te faire la cheville ! Pour moi, dès que je mets un pied dehors, que ce soit pour courir ou faire de l’alpinisme en marchant à deux à l’heure avec un gros sac sur le dos, c’est de l’entraînement. En tout cas, même si j’ai peu d’expérience en ultra – bien que j’aie déjà couru trois fois le Grand Raid de La Réunion – je sais quelles sont les erreurs à ne pas commettre.
EN BREF
Né le 26 octobre 1984
Profession : secouriste au Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne
Palmarès express : vainqueur du 80 km du Mont Blanc en 2013, 3e de la Grande Course des Templiers en 2013, vainqueur de la CCC en 2016, vainqueur de la TDS en 2017.
Par Marie Paturel – Photos Lionel Montico & Fred Bousseau
octobre, 2024
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