Il y a un peu plus d’un an, un certain Benoit Girondel, double vainqueur du Grand Raid de la Réunion, avait lancé les hostilités, de façon confidentielle, en réalisant dans la Drôme la marque de 12 870 m de D+ en 22h55’ (28 février 2019).
Il n’avait pas mené son entreprise au terme des 24h, mais n’avait sans doute pas non plus imaginé que ce « record* » allait attiser les convoitises quelques semaines plus tard étant successivement battu par Christophe Nonorgue (13 659 m – le 18 mai 2019), puis par Ugo Ferrari (15 465 m – 29 septembre 2019).
Romain Sophys avait pour sa part réalisé 15 238 m le 30 décembre 2019
Quelques semaines plus tard, un confinement de 2 mois pour les raisons que l’on connaît, un certain manque de compétition, une envie de se lancer des challenges, et voilà que depuis le mois de juin 2020, la course au « record » a été relancée.
Le 8 juin dernier le finlandais, Juha Jumisko, spécialiste des Ultra, finisher de la PTL notamment mais aussi 21ème du Tor des Géants 2019, 7ème de la Swiss Peak 360 en 2018, partait du niveau de la mer pour réaliser 16 054 m (un dénivelé de 69,5 m sur 240 m de distance).
Quelques jours plus tard, le 13 juin 2020, l’Italien Luca Manfredi avait minutieusement préparé et orchestré son affaire, il réalisait la meilleure performance mondiale répertoriée à ce jour en réalisant 17 020 m (500,6 m / 34 fois – mésuré par géomètre) sur une piste de ski.
Mais depuis cet été, quelques coureurs ont tenté le défi, à l’image de Francis Garnier (13 746 m le 13 juillet 2020), Franck Bonamy (10 455 m le 1er août 2020) ou encore Abel Carretero (14 500 m le 8 août 2020) – pour ces 3 marques, aucune mesure par géomètre n’a été réalisée, la mesure GPS juste ne permet pas d’officialiser le dénivelé effectué.
A ce jour aucune féminine n’aurait réalisé ce challenge de 24h ou n’aurait-été répertorié.
Quel type de parcours retenir ?
Ce défi de dénivelé positif sur 24h est nouveau et il est difficile de définir une typologie du parcours type.
Faut-il privilégier une distance courte, une pente raide (35%) ou douce (20%), et répéter l’exercice ou prolonger son effort en montée le plus longtemps possible pour récupérer en descente ?
Faut-il emprunter le même parcours à la montée et à la descente, ou plutôt s’économiser les cuisses en allongeant le parcours et en diminuant l’inclinaison de la pente pour épargner les fibres musculaires ?
Le ravitaillement sur un temps d’effort de 24h est primordial, mais on est là sur un effort d’un ultra sur lequel on peut se ravitailler et avoir une assistance permanente.
Autant d’éléments pour lesquels on a peu de réponse mais qu’il est intéressant d’étudier et d’analyser pour envisager de battre ce « record* ».
Le « record* » peut-il être battu ?
Tout record est fait pour être battu, et cela pourrait-être le cas dans les prochains jours.
3 tentatives sont programmées dans les 15 jours à venir dans 3 massifs différents et le record pourrait revenir en France.
Benoit Gandolfi s’élancera le jeudi 27 août à 15h dans les Vosges pour une boucle de 133,5 m de D+ sur 860 m de distance.
Une préparation en D+ en France et du côté du KV de Fully avec Stéphane Brogniart.
Le même jour, à 16h un autre coureur au palmarès long comme le bras, devrait tenter le record du côté du Jura, selon la météo, sur un parcours de 95,7 m de D+ pour 201 m de distance.
Puis les 5 et 6 septembre, ce sera au tour de Aurélien Dunand-Pallaz de s’élancer du côté d’Ugine à 14h pour une boucle de 212,56 m de D+sur une distance de 1 720 m.
Ce dernier s’est préparé cet été avec d’abord une grosse performance sur les 14 sommets de 2000 m du tour des Bauges puis une victoire sur le Méribel Trail.
Ambiance assurée du côté de La Savoie avec une organisation sportive et festive déjà dans les starting blocks.
*Record ou juste meilleure performance ?
Mais une question revient régulièrement auprès des initiés, peut-on réellement parler de record ?
Au regard des règlementations officielles (Reglementation_Records_2019), un record ne peut être homologué que selon certaines conditions.
Pour les défis 24h, il est difficile de respecter scrupuleusement chacune des règles mais une adaptation peut être faite pour s’assurer une validité officielle.
La FFA a été sollicitée à ce sujet mais elle ne peut répondre à ce jour de façon formelle et officielle.
Un groupe de travail s’est construit ces derniers jours pour réfléchir et établir quelques règles objectives qui pourraient « officialiser » les futurs performances en vue d’un record.
1/ Avoir un système de chronométrage et de compte-tour électronique au point haut et bas du parcours.
2/ Equiper le coureur d’une puce au poignet ou à la cheville inviolable pendant 24h.
3/ Faire mesurer le parcours par un géomètre expert par triangulation GPS.
4/ Effectuer des contrôles sanguins dans un laboratoire d’analyses, le premier 72 h avant le défi et le second dans les 72h après le défi (A faire prescrire par son médecin traitant NFS + bilan ferrique (fer serique / ferritine / transferrine) + TSH / T4 + Testostérone).
5/ Les 24h doivent être réalisés sur la même boucle, en non stop et sur un terrain non goudronné à 90%, le point de départ et d’arrivée identiques afin d’avoir le même nombre de montées / descentes sur 24h.
6/ Adhérer à la charte QUARTZ Elite
Si l’ensemble de ces points sont alors validés, on pourrait probablement parler de record et le modèle de ce type de challenge sur 24h pourrait pourquoi pas être dupliqué sur 12h et 6h à l’avenir….en respectant quelques règles pour leur accorder le crédit qu’ils méritent.
Le maître mot restera la courtoisie et le respect sportif de chacun.
Par Fred Bousseau.
- Romain Sophys (FR) – 30 & 31 décembre 2019 / 15 238 m D+/D-, 323 A/R en 24h00’ : A LIRE ICI
- Ugo Ferrari (FR) – 28 & 29 septembre 2019 / 15 012 m D+/D-, 36 A/R en 23h33’ : A LIRE ICI
- Christophe Nonorgue (SUI) – 18 & 19 mai 2019 / 13 659 m de D+ / D-, 35 A/R en 23h50 : A LIRE ICI
- Benoit Girondel (FR) – 27 & 28 février 2019 / 12 870 m de D+/D-, 22 A/R en 22h55’ : A LIRE ICI
Commentaires désactivés