A n’en pas douter, cette 4ème édition, oh combien épique, ne pourra s’étioler de la mémoire des convives. Tous en effet, auront dû, conséquence d’une météo déplorable, patauger dans la fange omniprésente, s’embourbant parfois jusqu’aux genoux (!), sans parler de la neige qui entravait leur périple sur plus de 4km.
Preuve de leur pugnacité et de leur expérience des trailers présents, les abandons n’auront pas été légion, moins nombreux même qu’à l’accoutumée. Ce qui ne pouvait que rendre encore un plus heureux Christophe Roux et son escouade, forte de 350 bénévoles, déjà soulagés de voir leur épreuve se concourir sans entrave majeure. Mais justement, si ce rendez-vous a pu être honoré, c’est avant tout à ces femmes et à hommes, si généreux, si désintéressés, qu’on le doit, sécurisant des portions entières du parcours tout en s’adaptant aux incessantes modifications du tracé, les lois de la nature et de la république passant par là.
72km : triomphe Valaisan…
Ce combat de Titan, ces volontaires dans l’âme l’auront donc partagé avec les dévoreurs de pente parmi lesquels huit en seront les éclaireurs, dominant totalement leurs poursuivants.
Après 3km d’asphalte dans l’agglomération Clusienne, le 73km, au départ du Forum des Lacs à Thyez, rentrait dans le vif du sujet. En guise d’hors d’œuvre, une rampe indigeste et savonneuse à souhait, s’apparentant à un véritable km vertical. Pas téméraire pour deux sous, le Ballavaud Arnaud Lejeune, 34 ans ce 10 juin, en quête de rachat après une entame 2013 nullement à la mesure de ses ambitions, parvenait à s’extirper du groupe de prétendants au sein duquel le Valaisan Jean-Yves Rey semblait déjà à son avantage. Un peu plus loin, à l’affût, pointait le lauréat 2012 en la personne du Saint-Gervolain Alexandre Hayetine, bientôt 30 ans, un des rares élitaires dépourvus volontairement de team.
Au Chinaillon (km31), le sociétaire des Teams Hoka et +Watt comptait 1’37 d’avance sur la meute à ses trousses aiguillonnée par Rey qui, au vu de sa prestigieuse carte de visite, faisait office de grandissime favori. Victime d’une défaillance cinq bornes après la station du Grand Bornand, le fuyard se faisait alors rejoindre par le prestigieux Helvète qui, inexorablement, poursuivait sa folle équipée tandis qu’Hayetine remontait un à un ceux qui avaient eu l’audace de le devancer.
Si bien qu’il débouchait sur le plateau de Cenise, km47, en seconde position, à 5’ à peine de Rey. Hélas pour Hayetine, la suite, en particulier la courte mais rude ascension accédant à la Pointe d’Andey, toit du trail à 1877m, ne changera rien à l’affaire. Pis même, la vedette du Team Salomon Suisse accentuait son avance pour reléguer son plus dangereux rival à près de 11’, signant ainsi son troisième succès en France après le Marathon du Mont-Blanc en 2008 puis la CCC en 2009.
Grimpait sur la marche restante le « Trailer du Gavot », Franck Vulliez, 39 ans, qui entérinait ainsi sa récente victoire aux Allobroges. Précédant ainsi de grands noms du trail, tels les Valaisans Ryan Baumann (5ème) et Jules-Henri Gabioud (7ème), ou encore Lejeune (5ème) et Benoît Thiéry (8ème), son coéquipier chablaisien.
On relevait encore l’excellente 6ème position du Ballavaud Olivier Meynet, 2ème ex aequo aux derniers Allobroges.
… et Genevois
Quant à la chevauchée féminine, elle aussi aura tenu toutes ses promesses. Comme prévu, elle a opposé deux athlètes de même âge qui dans les Pays de Savoie sont les vraies révélations de cette première partie de saison.
Juste avant la rampe initiale, la Grenobloise Emilie Deronzier (Team Raidlight), originaire de Nonglard près d’Annecy, 34 ans, grillait la politesse à la Franco-Suissesse Caroline Chaverot, 36 ans, demeurant à Allonzier-la-Caille, à proximité de Cruseilles. Ce qui ne déstabilisait pas pour autant celle-ci qui refusait de se mettre dans le rouge, optant d’emblée pour un rythme d’endurance.
Très vite, l’écart se creusait sans qu’il n’excède la minute jusqu’au Chinaillon (km31), l’Iséroise prenant le dessus dans les montées, son émule en dévalant : « De toute façon, même si le différentiel avait été plus conséquent, je ne me serai pas engagée dans une course poursuite » affirmait après coup « Caro ».
C’est peu après le Chinaillon que la jonction est intervenue, Caro laissant toutefois le soin à Emilie de mener plus souvent l’allure. Mettant à profit ses redoutables qualités de descendeuse, l’Allonziéraine se détachait dans la dégringolade sur Le Chouet (km 38). En dépit d’une terrible chute dans cette même descente puis de deux coups de barre à Cenise (km47) et à Anday (km55), elle franchissait la ligne victorieusement, Emilie surgissant près de 50’ après. Au final, les deux filles feront un tabac au scratch (14ème et 21ème sur 108 finishers), s’autorisant le luxe de précéder de vieux briscards.
Agée de 40 ans, Delphine Biollaz (Trailers du Mole) complétera le podium, confirmant ainsi ses gros progrès dans un sport qu’elle n’a découvert qu’en 2008, au Lyon Urban Trail (1ère aux Allobroges 2011 et à la Transju’Trail 2012, 2ème aux Allobroges 2013).
A l’image de l’épreuve reine, les trois autres épreuves au menu auront été enlevées aisément, aussi bien chez la gent masculine que féminine.
Sur la distance intermédiaire (42 km), dite « Marathon du Bargy », Aurélien Dunand-Pallaz (Team Adidas), sans surprise, s’impose devant cette icône du ski-alpinisme qu’est Tony Sbalbi (Team Garmin), 2ème, et Nicolas Geydet (Team Scarpa), 3ème. Notons que Théophile Camp (Team Tecnica) et Olivier Morin (Team Socquet Sport) ont été retardés suite à une erreur de parcours.
La talentueuse néo-Haut-Savoyarde Laureline Gaussens monte sur la plus haute marche en devançant de plus de 16’ l’excellente Morgan Cretton (Chamonix Mont-Blanc Marathon), Gael Mouthon (Les Foulées Chablaisiennes) terminant 3ème mais à plus de 56’ de la lauréate.
=> Sur le 29km dénommé « la Circaète », l’ex-international Yann Curien remporte sa deuxième victoire estampillée 2013 après l’Ultra Tour du Môle. Pour parvenir à ses fins, il aura dû écarter deux skieurs-alpinistes, Bastien Fleury de Chamonix, 2ème, et Manu Michel de Praz-de-Lys Sommand, 3ème.
Le suspense aura été réduit à sa plus simple expression chez les filles. Engrangeant le premier succès de son histoire, la Morzinoise de souche et résidant à Saint-Martin-de-Bellevue, Charline Montegani, relègue à plus de 28’ sa dauphine Emilie Brule, et à plus de 29’ Marie-Luce Chaffard (Trailers du Môle), 3ème.
=> Enfin, il n’y eut aucune surprise dans le relais par équipe de deux, avec la nette victoire de Kilian Jornet Burgada (Team Salomon), associé à Sébastien Talotti (Team Quechua). Tous deux précèdent l’étonnant tandem formé de Rémi Berchet (Courchevel – Saint-Bon) et de Yannick Veillet (Sallanches Passy Athletic Club). La 3ème place échoit au binôme Guillaume Le Normand (Team Quechua) – Bertrand Mayol (CAF de Cluses), mais d’extrême justesse, dominant de 45’’ seulement la 1ère escouade mixte, constituée de la Néo-Zélandaise Anna Frost (Team Salomon) et Martin Gaffuri (GoodPeopleRun).
=> CLASSEMENTS COMPLETS ICI DE TOUTES LES COURSES
=> GALERIE PHOTOS ICI (60 photos)
=> INTERVIEW DE KILIAN JORNET par SEB TALOTTI & CLIP DE L’ÉDITION 2013
Texte François Vanlaton – © Fred Bousseau
JEAN-YVES REY, VAINQUEUR DU 72KM :
Né le 24 novembre 1970 à Crans-Montana (Valais Central), coureur de montagne à la base, il s’aligne dès l’âge de 16 ans à Sierre-Zinal, alors autorisé aux cadets et juniors.
Il bascule définitivement dans le trail en 2008 en décrochant le Marathon du Mont-Blanc avant d’empocher le pactole sur la CCC l’année suivante.
Cependant, il n’en abuse pas, au maximum trois par an, « de peur de ne pas suffisamment récupérer » avoue-t-il avec une extrême prudence. Ainsi, on le verra le 20 juillet sur le 1er opus de l’Eiger Ultra Trail puis le 30 août sur l’UTMB (6ème en 2012).
Parallèlement, le directeur-adjoint de l’office de tourisme de Crans-Montana prendra le départ, le 11 août, du 40ème Sierre-Zinal, et ce pour la… 25ème fois ! Son meilleur classement : 3ème en 2000 ; son ultime grosse prestation : 6ème en 2006.
CAROLINE CHAVEROT, LAUREATE DU 72KM :
Ayant vu le jour le 16 octobre 1976 à Genève, Caroline Chaverot est mariée à un Français, Luc, lui-même trailer.
Sportive accomplie, elle s’est d’abord adonnée au kayak huit ans durant avant de s’enflammer pour l’escalade et le VTT. Après avoir mis au monde trois enfants en trois ans, cette prof d’histoire-géographie dans un collège genevois a étrenné la course nature en mai 2012 (4ème sur le 37km du Salève).
Le Gypaète lui permet d’ajouter cette saison une quatrième perle à son collier après le 28km du Raidlight Chartreuse Winter Trail, le 30km du Belledonne Gelon Raidlight Trail et le 37km du Salève. Prochaines échéances : le Maratrail de Faverges où elle se frottera à Stéphanie Duc et à Christel Dewalle, le 80km du Mont-Blanc, le 60km de la Montagn’Hard, le 61km du Quechua Tour des Fiz, enfin la CCC®.
« C’est vrai, je multiplie les compétitions et je suis sans doute dans l’excès. Mais si j’opère de la sorte, c’est pour emmagasiner de l’expérience. Promis, juré, l’an prochain, je me calmerai. Enfin, un tout petit peu », dit-elle avec son éternel sourire !
décembre, 2024
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